Les freins de langue et de lèvre : des maux que tous les parents devraient connaître

Ou plutôt devrais-je dire tout le monde puisque ça peut aussi bien concerner bébé que vous-même, cher lecteur/lectrice adulte. C’est un vaste sujet si important (qui me tient à cœur) et pourtant complètement sous-estimé par les professionnels de santé. Chaque jour, je m’étonne du nombre de bébés et d’adultes qui souffrent de freins restrictifs tardivement diagnostiqués par manque de professionnels formés alors que c’est un réel problème de santé publique.

Pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce sujet, le frein de langue est le tissu qui est situé juste sous la langue. Il peut être antérieur (visible en levant la langue) ou postérieur (sous-muqueux, non visible sans manipulation). S’il est trop court ou trop serré, ce frein pose problème et gêne la mobilité de la langue, on parle alors de frein restrictif. De même pour le frein de la lèvre supérieure, s’il est trop tendu, il empêche la lèvre de se lever et de se retrousser. Pour des explications plus poussées, je vous invite à lire les publications de Maman Lune, une maman qui a connu les méandres des freins pour son enfant et qui est très documentée à ce sujet, elle a été une de mes sources principales pendant mes recherches.

Si vous n’avez pas encore lu mes histoires précédentes, je vous explique brièvement en quoi je me sens si concernée par ce sujet. Mon bébé, Nino, est né avec un frein de langue postérieur et un frein de la lèvre supérieure tous deux restrictifs. Mais je ne connaissais pas ces freins et aucun professionnel que j’ai rencontré (j’en ai pourtant vu une dizaine : pédiatres, sages-femmes, conseillères en lactation, puéricultrices…) ne m’a évoqué ce sujet, pas une seule fois. Les symptômes étaient pourtant évidents mais à ce moment-là, je n’étais pas informée. Il aura fallu attendre 4 mois, 4 longs mois difficiles à gérer pour Nino et pour nous, les parents, avant qu’une conseillère en lactation IBCLC (qui m’a été conseillée par une autre maman) confirme la présence de freins restrictifs. Une fois informés, nous avons pu trouver les solutions à apporter sans perdre plus de temps parce que ces freins dits restrictifs, s’ils ne sont pas diagnostiqués puis coupés, ont de très lourdes conséquences chez l’humain tout au long de son existence.

De lourdes conséquences de bébé à l’adulte

D’abord chez bébé et vis-à-vis de l’allaitement, il faut savoir que ces freins sont une des premières causes d’arrêt d’allaitement. Nombreuses sont les mamans mal accompagnées ou mal informées qui sont passées au lait artificiel parce que leur bébé passait tout leur temps au sein, qu’il s’endormait systématiquement en quelques minutes ou alors qu’il ne semblait jamais repu. En réalité, sans le savoir, leur bébé avait un ou des freins restrictifs qui l’empêchait de s’alimenter et de téter correctement (bébé ne parvient pas à faire cet effet ventouse pour garder le sein en bouche, la mobilité de sa langue est réduite, sa succion est inefficace…). Mon Nino avait par ailleurs tous ces symptômes. Nécessairement, ces freins génèrent de grandes tensions physiques chez bébé puisqu’il doit compenser et solliciter énormément sa mâchoire, ce qui a des répercussions – entre autres – sur les cervicales et la colonne vertébrale. Et les conséquences ne s’arrêtent pas là : problèmes digestifs, troubles du sommeil… la liste est longue.

En grandissant, un frein de langue restrictif cause notamment des troublés de l’oralité, dont des problèmes liés à l’alimentation qu’on peut découvrir dès la diversification alimentaire : difficultés à mâcher, à déglutir… L’élocution peut également être impactée : incapacité de parler clairement, cheveu sur la langue… Et dents du bonheur à cause du frein de lèvre.

Une fois adulte, en plus de tous ces problèmes, la liste continue de s’allonger : scoliose, torticolis, dents de travers…

Trouver le bon professionnel pour poser le bon diagnostic

Une mission malheureusement difficile. Les professionnels formés à détecter les freins restrictifs se font rares, nombreux sont ceux qui se disent spécialistes mais qui ne le sont pas. Ce qui est aussi aberrant est le fait que les freins ne sont plus systématiquement vérifiés à la maternité alors que c’était le cas il fut un temps. Et pire, parfois ils sont détectés à la maternité mais mal coupés, le comble. Il faut alors une deuxième opération, c’est-à-dire un deuxième traumatisme pour bébé…

Pour les parents qui ont des suspicions de frein chez leur bébé, le mieux est de se tourner vers un ORL, une sage-femme ou une conseillère en lactation spécialisée dans ce domaine. Je vous redirige alors vers le groupe Facebook Frénotomie et freins qui répertorie les professionnels recommandés par les parents qui ont été confrontés à cette situation. Ce groupe est une source d’informations très fiable et il prodigue tous les conseils nécessaires liés à la frénotomie. Ici, c’est grâce à ce groupe que j’ai su que mon Nino avait des freins restrictifs, j’en profite pour remercier encore et encore l’équipe qui gère ce groupe pour leur aide précieuse !

Dans notre histoire, c’est Rachel Lamb, conseillère IBCLC qui est venue à domicile pour confirmer les freins restrictifs de Nino. Elle m’avait été conseillée par une autre maman qui a aussi connu ça, et je la conseille à mon tour auprès d’autres parents. Vous pouvez avoir confiance en son expertise.

La frénotomie : une opération simple et rapide

La frénotomie consiste à couper le(s) frein(s) restrictifs à l’aide d’un laser ou d’un ciseau et est réalisée en quelques minutes seulement. Une opération plutôt simple et pourtant, le nombre de praticiens bien formés est très limité, d’autant plus lorsqu’il s’agit de couper le frein de langue ET le frein de lèvre. Nombreux sont ceux qui ne coupent pas celui de la lèvre, pour exemple en région parisienne, seul un ORL et une dentiste pédiatrique pratiquent cette intervention. C’est dire la pénurie actuelle.

Ici encore, je vois renvoie vers le groupe Facebook Frénotomie et freins qui répertorie les professionnels formés à couper correctement les freins.

Toujours nous concernant, nous sommes passés par le Dr Rousselet, l’ORL de référence situé à Châtillon (92) qui est tout simplement le premier professionnel que nous avons rencontré qui est à l’écoute, plein d’empathie et d’une douceur avec les bébés. Je le conseille à tous, j’ai une réelle confiance.

Reste à savoir que l’opération à elle-seule n’est pas suffisante quand il s’agit de frein restrictif. L’opération se prépare en amont et un process post-opération est à réaliser afin de mettre définitivement cette histoire derrière nous. Là encore, ce sont des éléments que les parents ne savent pas parce qu’ils n’ont pas été informés correctement par les professionnels, mais ils sont vraiment indispensables.

Chiropraxie et étirements : deux éléments complémentaires à l’opération

En plus de l’opération, dans le but de maximiser les bénéfices de la frénotomie, il est conseillé aux parents de faire des séances de chiropraxie à bébé avant et après la frénotomie. À cause des freins, les tensions générées sont si fortes qu’il faut plusieurs séances pour préparer le corps à l’intervention et l’aider ensuite à enlever toutes ces fameuses tensions. Pour Nino, la chiropraxie a été très bénéfique, il avait plusieurs points de blocage que les séances ont immédiatement soulagées, un bonheur ! Si vous recherchez un chiro dans les Yvelines, nous consultons Sandrine Matthieu située à Conflans-Sainte-Honorine. Elle aussi est super, très à l’écoute et très douce avec les bébés.

Et dans l’objectif d’éviter à tout prix que le frein ne se reforme (le risque est très fort), il est nécessaire de réaliser des étirements également avant et après l’opération. C’est un process qui semble difficile à suivre : il faut effectivement réaliser ces étirements précis toutes les 3h, jour et nuit, pendant 3 semaines au minimum. Mais une fois lancés, on prend le pli et bébé aussi, et le résultat vaut largement la peine. Avec Kiko, on appréhendait énormément cet aspect, mais on s’en est bien sorti et en 3 semaines, la plaie avait cicatrisé correctement sans que le frein de ne se réforme.

Tous ces conseils sont à retrouver en détails dans le groupe dédié Frénotomie et freins. Je vous l’ai dit, c’est une source d’informations et d’aide incroyable.

Et notre bébé est né à nouveau

Nous concernant, la frénotomie de Nino a littéralement changé notre vie, et pour lui ça a été un vrai soulagement. Lui, qui était très tendu depuis sa naissance, avec le corps très contracté même lorsqu’il dormait, qui n’arrivait pas à enchaîner des cycles de sommeil de plus de 30mn (il ne faisait que 2-3 siestes par jour uniquement en étant bercé ou promené), qui ne faisait que s’endormir au sein en quelques minutes pour se réveiller très vite et continuer à essayer de téter, qui était frustré et jamais repu après les tétées, était comme devenu un nouveau bébé. Ou plutôt devrais-je dire qu’il est enfin devenu lui-même grâce à cette opération.

Très vite, il a pu téter différemment et a arrêté de s’endormir très vite au sein, il était tout de suite plus souriant et plus à l’aise dans son corps pour se déplacer à sa guise, ses pleurs ont largement diminué et notre allaitement a repris sereinement… On a enfin pu commencer à sortir plus loin que le périmètre restreint de la maison, on est vite parti à la mer (j’en avais tellement besoin) et on a enchaîné avec une visite chez ma petite sœur dans l’est de la France.

Vraiment, je conseille à tous les parents qui hésitent à se lancer dans cette « mission opération » de franchir le pas. Les bénéfices sont énormes d’abord pour bébé, dans son présent et son futur, ensuite pour toute la famille.

J’espère que cette histoire saura aider ceux qui vivent ou vivront peut-être cette situation, vous êtes maintenant informés et vous savez quoi et comment faire pour vous en sortir très vite. Bien entendu, si vous avez des questions ou besoin de conseils, n’hésitez pas !


Stéphanie

Un article rédigé en février 2019

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