L’histoire de notre allaitement : acte 1

Allaiter mon bébé ? Une évidence avant l’heure. Je pensais alors que tout se mettrait en place naturellement… mais tout n’a pas été si simple.

Pendant des années, alors même que je n’étais pas sûre de vouloir devenir maman (et cela pour de nombreuses raisons que je pourrais vous raconter dans une autre histoire), la seule chose dont j’étais sûre de vouloir faire avec mon bébé était bien l’allaitement. Sans aucun doute. Pour moi, c’est vraiment le plus bel acte du monde, le plus basique, le plus naturel, le plus « normal » et logique. J’ai toujours adoré voir des mamans allaiter leur bébé, et regarder ces bébés lovés dans les bras de leur mama. Je viens aussi d’une famille de mamans allaitantes, ça a certainement son importance. Tout naturellement, le jour où j’ai su que j’étais enceinte, je m’imaginais déjà en-train d’allaiter mon bébé. Pendant ma grossesse, je me suis alors beaucoup renseignée à ce sujet : j’ai d’abord lu beaucoup de livres et fouillé internet, j’ai ensuite participé à des réunions auprès de la Leche League et à la maternité, j’ai lu et relu toutes les documentations accumulées, j’ai pris des cours de préparation à la naissance, j’ai questionné mon entourage de mam’allaitantes… Je me sentais prête et suffisamment armée pour allaiter ! Mais la vie en a décidé autrement… notre allaitement a mis près de 6 mois pour enfin s’installer en toute sérénité, 6 longs mois semés d’embûches et remplis d’inconnues.

Un démarrage compliqué dès la maternité

Tout a commencé dès la maternité. Mon bébé, mon amour Nino, est né en mai 2018. Le plus beau jour de ma vie, sans aucun doute ! À sa naissance et à peine installé sur moi, il a pu grimper pour la tétée d’accueil, celle que j’attendais tellement. Il a réussi à téter, certes peu de temps mais il y est parvenu, et il s´est endormi sur moi. On était en communion tous les 3, Nino, son papa et moi… Pour les tétées suivantes, les choses se sont vite compliquées. Il n’arrivait pas à garder le sein en bouche, à faire ce fameux effet ventouse, et très vite, les puéricultrices m’ont incité à utiliser des bouts de sein le temps que bébé arrive à mieux téter. Dès le début de notre allaitement, personne n’a cherché la cause du problème (car c’était bien un problème), la solution était tout de suite les bouts de sein. De mon côté, j’ai très vite eu ce sentiment que quelque chose n’allait pas dans notre allaitement, quelque chose posait problème, mais il m’était impossible de savoir « quoi ». Plusieurs fois, j’ai interpellé les puéricultrices et les sages-femmes pour essayer de comprendre ce qui n’allait pas, mais tout ce que je pouvais dire, c’était que Nino tétait tout le temps, qu’il s’endormait au sein en quelques minutes, pour ensuite téter de nouveau à chaque petit réveil, et tout ça en boucle jour et nuit. Déjà, il me semblait jamais repu et trop vite fatigué pour continuer à téter. Pour le l’équipe de la maternité, c’était tout à fait normal, tout ça allait passer, il fallait juste être patiente. J’ai passé 3 jours à la maternité, 3 jours et 3 nuits sans dormir, à essayer de répondre au mieux aux besoins de mon bébé, à me poser des milliers de questions, mais en ayant confiance aux professionnels.

De retour à la maison, « tout ça » n’est pas passé, ça a même empiré. Nino avait une semaine tout pile, il a commencé à faire des tétées de 1h, 1h30 voire 2h. J’ai d’abord pensé au pic de croissance, mais les jours passaient et se ressemblaient, il ne faisait que téter-dormir téter-dormir, et il était impossible de le « décrocher » une fois endormi sans qu’il cherche de nouveau à téter. Par moments, j’arrivais à le confier à son papa, de bras en bras, mais j’étais la plupart du temps bloquée dans ma mission de mam’allaitante à ne rien pouvoir faire d’autre. J’ai décidé de demander des conseils à un groupe d’allaitement, j’ai également contacté une conseillère en lactation, j’ai demandé des conseils aux puéricultrices de la PMI, toutes m’ont dit que tout était normal, qu’il prenait bien du poids, qu’il fallait tenir le coup et qu’il fallait encore être patiente. Même si c’était loin d’être évident, je me sentais si heureuse… Après 3 merveilleuses semaines passées à 3, pendant lesquelles son papa Kiko nous a aidé et accompagné avec amour, le retour au travail a sonné pour lui. J’appréhendais un peu de ne pas pouvoir gérer le quotidien, pendant 10 jours j’avais l’impression de ne pas trop mal m’en sortir, et puis un beau jour… Tout a basculé.

Le reflux, ce voleur de bébé

Bébé a commencé à pleurer, plus précisément à hurler. Parce que oui, il y a une réelle différence entre les deux. Du jour au lendemain, il était devenu impossible de le calmer, il n’arrivait plus à dormir sans se réveiller au bout de quelques minutes en hurlant, on entendait des bruits de remontées dans sa gorge, mon bébé hurlait de douleurs, mon bébé souffrait terriblement. Très vite, j’ai compris qu’il avait un RGO et plus précisément un reflux interne sévère (un article dédié est prévu) et au niveau de l’allaitement, ça a été encore plus dur qu’avant. À chaque tétée, Nino se cambrait et jetait sa tête en arrière en pleurant, quand il arrivait à téter, il s’endormait aussitôt… pour se réveiller quelques minutes après toujours en hurlant, toujours pour téter. Et tout ça, toujours en boucle… Comme une histoire sans fin. Quand le reflux se calmait un peu, il fallait absolument le bercer en marchant, c’était le seul moyen pour le soulager un minimum et il était impossible de le poser, de l’allonger sans qu’il pleure. Très vite, on a eu rendez-vous chez une pédiatre qui lui a prescrit un traitement médicamenteux (à mon plus grand désespoir, sur le coup j’ai décidé d’attendre quelques jours avant de commencer les médicaments pour voir si il y avait une amélioration « naturelle »), j’ai également entamé un régime d’eviction aux protéines de lait de vache qui pouvaient peut-être être la cause des reflux (un article dédié est prévu) et c’est aussi à ce moment-là que les mauvais conseils sur l’allaitement ont commencé. En expliquant à la pédiatre que Nino têtait non stop et en me voyant l’allaiter dans son cabinet, elle me dit très vite que je n’ai pas « assez de lait » et qu’il va falloir très vite le complémenter au lait artificiel. Pour elle, c’est la raison pour laquelle il n’était jamais repu, je suis alors repartie de ce rendez-vous complètement désespérée, traumatisée par ses propos. J’ai immédiatement commandé un tire-lait pour essayer « d’évaluer » la quantité de lait que je pouvais produire, j’étais alors bien naïve et mal orientée par les professionnels de santé en qui j´avais encore confiance. On a tout de même poursuivi notre allaitement malgré des journées cauchemardesques, mais un soir, Nino a hurlé pendant plusieurs heures, il était impossible de le calmer. On est parti aux urgences sans savoir quoi faire d’autre pour l’aider et après plusieurs heures d’attente, on nous a simplement dit que c’était un « bébé reflux », qu’il fallait absolument espacer les tétées de 2h au minimum (comme si j’avais le choix alors que c’était tout simplement impossible). Selon le docteur, si je n’espaçais pas les tétées, notre allaitement lui faisait plus de mal que de bien et lui provoquait plus de reflux (alors que téter le soulageait justement). On m’a aussi fait la leçon sur le cododo, que c’était interdit et trop dangereux, qu’il fallait absolument qu’il dorme dans son lit. Croyez-moi, je suis rentrée chez moi au fond du gouffre, en plein doute sur tout ce que je faisais, à perdre totalement confiance en moi… Dès le lendemain, on a démarré le traitement mais il ne fera effet qu’au bout de 2-3 semaines. Il fallait être très, très patient… Au bout de quelques semaines, tellement fatiguée par ces journées sans fin, à ne pas pouvoir s’arrêter quelques minutes ni manger, angoissée par cette situation, à douter sur mon lait et à force d’accumuler tous ces mauvais conseils, un matin j’ai demandé à Kiko de lui donner du lait articiel pour voir si oui ou non, il sera enfin repu et plus serein. Après ce premier biberon, Nino s’était enfin endormi calmement, j’étais alors convaincue qu’il fallait passer au lait artificiel et que quelque chose n’allait pas avec mon lait… Quelle erreur, mais quelle erreur ! Ce même jour, on avait rendez-vous avec la pédiatre qui m’a immédiatement dit, en voyant mon état de fatigue, d’arrêter immédiatement l’allaitement, qu’il n’y avait aucun doute à avoir, que l’allaitement ne marchait pas pour tout le monde en me donnant son propre exemple, elle qui n’avait pas réussi à allaiter à cause des crevasses à répétition. Une nouvelle fois, j’ai cru les médecins, j’ai cédé… et on est passé au biberon, malgré tout et à contrecoeur. Chaque jour qui passait, je voulais le remettre au sein, je pleurais beaucoup, je vérifiais que du lait continuait de couler de mes seins, je voulais tout recommencer… mais j’avais aussi tellement peur de mal faire. Je ne pouvais pas me dire que Nino souffrait à cause de moi, à cause de mon lait. Mais au bout de quelques jours de biberons, que je lui donnais la boule au ventre, il n’y avait pas de réelle amélioration. Les hurlements ont vite repris. Alors je me suis renseignée, cette fois-ci de mon côté en fouillant internet et à la recherche de témoignages de parents qui auraient connu cette situation. Et là, je découvre qu’en réalité, le lait maternel est le meilleur des remèdes contre le reflux. Je suis tombée de haut, je n’en revenais pas, je me suis sentie trahie et très vite, après un nombre d’heures incalculable de recherche et d’appel à l’aide je me suis lancée dans une relactation. Le comble, car j’avais souffert pendant des jours à cause des montées de lait, j’avais eu des engorgements à répétition et je devais me masser tous les jours pour me soulager un minimum. Et alors que la douleur était passée, je ne voulais qu’une chose, allaiter mon bébé…

Mon choix de la relactation

La relactation a été dure, une vraie épreuve (un article dédié est prévu) aussi bien pour Nino que pour moi et Kiko. J’ai pu compter sur le soutien sans faille de ma petite soeur Samantha, et celui de mon Kiko. Et grâce aux conseils de mamans que j’ai eu sur des groupes de mam’allaitantes (notamment Allaiter en maternant qui est fantastique) et sur Instagram, aussi avec le soutien d’une conseillère en lactation, la relactation a réussi. Après 4 semaines de bataille, à passer 12h par jour avec Nino au sein, le reste du temps à le bercer ou à le promener pour qu’il dorme par tranche de 1/2h par ci par là, malgré la canicule qui n’a pas aidé et malgré l’effort que demandait le régime d’eviction aux protéines de lait de vache (qui est gérable mais qui demande un bon temps d’adaptation pour savoir comment se nourrir différemment), un beau jour Nino a tout simplement refusé le biberon pour n’accepter que le sein. J’étais si heureuse de retrouver mon bébé exclusivement à la « teta » comme on dit dans ma famille, et de nouveau j’ai ressenti ce lien se (re)former entre nous, cette fusion indicible… Je dois vous avouer que lorsque je l’ai nourri au biberon, j’ai eu l’impression de l’avoir abandonné. Je m’en suis tellement voulue, je m’en veux toujours d’ailleurs, aujourd’hui encore quand j’écris ces mots. L’allaiter est pour moi si important, quand j’y repense, je me demande comment j’ai pu arrêter, pourquoi j’ai écouté les autres, pourquoi j’ai cédé ? J’ai vécu cet arrêt brutal de l’allaitement comme un deuil, beaucoup trouveront ce mot trop fort, et pourtant c’est vraiment comme ça que je l’ai ressenti. C’est vraiment le plus grand regret de ma vie… Mais je dois me dire que l’essentiel est le fait que l’allaitement ait repris, et on pouvait en être fiers, parce que ce n’était pas encore la fin des galères.

Ma production de lait était bien relancée, j’allais très souvent le faire peser à la PMI pour me rassurer et il prenait bien du poids, mais ce « quelque chose qui cloche » continuait bien de nous suivre. Nino n’arrêtait pas de s’endormir au sein en quelques minutes, il passait encore plus de 10h par jour accroché, alternant petite teta et dodo. Tous les jours, par moments dans la journée et le soir au coucher, il s’énervait et pleurait au sein, j’étais toujours en-train de douter de moi et je n’arrêtais pas de tout remettre en question. Du lait, est-ce que « j’en ai assez » ? Est-ce mon corps le problème ? N’ai-je pas fait une bêtise à vouloir relacter alors que Nino ne semble toujours pas repu après chaque tétée ? Je n’arrivais toujours pas à comprendre ce qui n’allait pas. L’allaitement fonctionne sous la forme de l’offre et de la demande, plus bébé tête, plus il y a de lait. Mais alors pourquoi semble t-il si frustré ?

De nouveau, je me suis lancée dans des recherches. Et un jour, je tombe sur un article d’un groupe d’allalitement qui parle de frein de langue et de frein de lèvre. La révélation.

Deux nouveaux inconnus : le frein de langue postérieur et le frein de la lèvre supérieure

Tous les symptômes décrits correspondaient à notre situation, pour moi c’était ça la cause de notre problème. Dès que j’ai lu ça, je suis tout de suite partie lever la lèvre supérieure de Nino et là, le doute n’était pas permis. Un frein bien restrictif descendait jusque de l’autre côté de sa gencive et il était impossible de remonter sa lèvre jusqu’à ses narines. Et ça, personne ne l’a vérifié et moi je ne l’avais jamais remarqué, je m’en suis voulue. J’ai ensuite regardé sous sa langue, mais là je n’arrivais pas à savoir. On était alors en plein mois d’août, je recherchais désespérément un rendez-vous chez un ORL qui pourrait confirmer si ses freins étaient bien restrictifs et les couper si besoin, mais il n’y avait personne de disponible, absolument personne. Il fallait attendre la fin du mois et les retours de congés.

Pour rendre la chose encore plus difficile, les tétées commençaient à devenir douloureuses, très douloureuses. De jour comme de nuit, je devais serrer les dents si fort, j’appréhendais chaque nouvelle tétée, ça me faisait si mal, comme une torture à chaque fois et je n’avais personne pour me venir à l’aide. Alors j’ai dû réutiliser les bouts de sein que j’utilisais au départ, à regret parce que je n’ai vraiment pas aimé les utiliser, mais les douleurs étaient si intenses que je n’avais pas le choix si je voulais poursuivre notre allaitement. J’ai encore tenté d’appeler une conseillère en lactation dans une autre PMI du coin, elle a vite accepté de me rencontrer. Pour elle, bébé prennait bien le sein alors elle ne comprenait pas mes douleurs, il prenait du poids et selon elle, il n’avait pas de frein de langue parce qu’il tirait la langue mais elle n’était pas formée à ce sujet. Et encore une fois, ce rendez-vous n’a servi à rien, j’ai alors lancé un SOS aux mamans du groupe Facebook Frénotomie et freins et l’une d’entre elle m’a donné les coordonnées d’une conseillère IBCLC spécialisée dans les freins. Je la contacte aussitôt, d’autant plus que je sentais une baisse de ma lactation, bébé s’énervait de plus en plus au sein chaque jour qui passait, j’ai eu tellement peur que notre allaitement s’arrête pour de bon sans comprendre pourquoi… À la demande de la conseillère, je lui envoie des photos et des vidéos de Nino en-train de pleurer et rien qu’avec ça, elle a pu me dire qu’il avait bien un frein de lèvre et un frein de langue tous deux restrictifs. Elle devait tout de même vérifier par elle-même, et il a fallu de nouveau attendre 10 jours car elle était à l’étranger à ce moment-là. Des jours interminables, à regarder mon bébé aller mal, à souffrir et à subir des engorgements horribles, des douleurs lancinantes que je n’arrivais plus à soulager, des journées à me dire que c’est trop tard et à culpabiliser parce que mon bébé avait faim mais qu’il n’arrivait pas à bien téter… Et pour couronner le tout, j’avais un vasospasme (un article dédié est prévu) qui a mis des semaines à disparaître. La totale. C’était dur mais on a continué à tenir bon et enfin est arrivé le jour de la consultation. Mes soupçons de freins ont bien entendu été confirmés et il n’y avait pas 10000 solutions, il fallait les couper et ce pour de multiples raisons (un article dédié est prévu).

Avec Kiko, on a dû longuement discuté et peser les « pour » et les « contre » de l’opération. On avait si peur de faire une bêtise et de faire souffrir Nino, on a tout de même décidé de les couper et c’était vraiment la meilleure des décisions. Le problème : en région parisienne, il n’y a que 2 ORL qui coupent ses deux freins, et les 2 étaient en congés jusqu’à la fin du mois d’août. Impossible de prendre un rendez-vous avant leur retour, il faudra patienter… Sauf que chaque jour qui passait, j’entendais de moins en moins déglutir Nino, je voyais dans son comportement qu’il n’allait vraiment pas bien, je ne savais pas si ses pleurs d’après tétées étaient des pleurs de faim et dans le doute, on lui a donné des compléments de lait artificiel le temps d’avoir une date pour l’opération. Lui redonner des biberons, c’était pour moi terrible, mais à ce moment-là, je sentais que c’était pour son bien. Je n’arrivais plus à tirer de lait, le retour de l’allaitement mixte était alors notre seule solution temporaire. J’avais bien conscience du risque de confusion sein/tétine, j’en avais même peur, j’étais désormais très renseignée sur l’allaitement et toutes les choses à faire et à éviter, mais Nino a toujours refusé de téter avec un DAL et au vu de son état d’énervement à chaque tétée, je ne voulais pas lui demander plus d’efforts qu’il ne faisait déjà. On a choisi la facilité, le biberon, même s’il n’en buvait qu’entre 50 et 150ml par jour. Enfin bon, tout ça nous amène à fin août. Dès le retour de congés de l’ORL qu’on nous avait conseillé, Dr Rousselet à Châtillon, j’ai appelé à la première heure et il a très gentillement accepté de nous recevoir 2 jours après, pendant l’heure de sa pause déjeuner. Je crois qu’il a compris ma détresse et à quel point notre allaitement dépendait de cette double opération (qu’on appelle frénotomie). Avant l’opération et toujours sur les conseils du groupe Facebook dédié à ce sujet (qui a aussi contribué à sauver notre allaitement), j’ai recherché un chiropracteur en urgences pour une séance à réaliser la veille de l’opération. Puis est arrivé le fameux jour de l’opération, ce jour que j’appréhendais tellement… Heureusement, on est tombé sur un professionnel enfin très à l’écoute, plein d’empathie et de bienveillance, qui a su nous mettre en confiance et qui a réalisé l’opération au laser en quelques minutes. Un vrai soulagement que ça dure si peu de temps ! Je dois vous avouer que je n’ai pas pu rester regarder, c’est Kiko, le papa, qui est resté et qui a tenu et soutenu Nino, moi je me suis effondrée en pleurs dans le couloir en entendant mon bébé pleurer. Mais encore une fois, c’est passé si vite et finalement c’est moi qui ai plus pleuré que Nino (je pleurais encore dans la voiture pendant la tétée alors que Nino allait mieux). L’opération était passée, maintenant j’appréhendais le réveil de la douleur chez Nino (mon bébé est trop fort, il a fallu lui donner du doliprane une seule fois le soir même de l’opépations et plus aucune autre plainte) puis les soins/étirements à effectuer toutes les 3h jour et nuit pendant au moins 3 semaines. J’avais peur, si peur de mal faire et que les freins se reforment. On a alors recontacté la conseillère IBCLC spécialisée et elle est venue le lendemain nous montrer exactement les étirements à réaliser pour optimiser nos chances de réussite. Grâce à elle, Kiko et moi nous nous sentions suffisamment à l’aise et en confiance pour y arriver, parce qu’il est vrai que tout ça peut effrayer quand on ne s’y connaît pas. On a alors suivi la procédure à la lettre comme on dit, de jour comme de nuit, Nino a aussi eu le droit à 4 séances chez l’osthéopathe en post-frenotomie, puis 2 séances chez une chiropraticienne qui continue de nous suivre. Et en moins de 3 semaines, la cicatrisation était faite, enfin !

Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter, cette opération a vraiment tout changé, aussi bien sur le bien-être de Nino qui était presque devenu un autre bébé beaucoup plus relax et détendu. Et niveau allaitement, Nino tétait enfin sans s’endormir systématiquement, à l’inverse il faisait des tétées express et très efficaces. D’ailleurs, au début, ça me perturbait pas mal, j’avais peur qu’il ne boive pas suffisamment au vu de sa rapidité. Mais non, chaque jour il devenait un peu plus à l’aise à téter, il a d’ailleurs fallu qu’il réapprenne à téter correctement sans ses freins pour le gêner, qu’il passe aussi outre le traumatisme de quasi 4 mois de vie, et au bout de plusieurs semaines (il fallait tout de même être patiente, tout ne s’est pas fait du jour au lendemain) on pouvait enfin dire qu’on avait un bel allaitement, plus calme, plus serein, si magique… Ça n’a vraiment pas été facile, mes journées étaient presque exclusivement dédiées à mon Nino parce qu’en plus de l’allaitement, c’est aussi un bébé qui demande énormément d’attention et qui m’a rarement laissé quelques minutes de répit (en plus de tout ce qu’il a enduré, est-ce qu’il est aussi un BABI si BABI il en existe bien, je me suis souvent posée la question), mais qu’est-ce que ça en valait la peine.

Et la vie est devenue que plus belle

Je dirais même que la vie est devenue infiniment plus belle aux 6 mois de Nino. Alors oui, je vous laisse imaginer qu’il en fallait de la patience, les journées étaient épuisantes, les nuits éreintantes pendant des semaines et des semaines, mais on a tenu bon, on a rien lâché. Je dirais alors que l’acte 1 de notre allaitement s’est arrêté ici, à l’aube de nos 6 mois d’aventure lactée (les lolos d’argent de l’allaitement, ça me fait toujours rire, les mam’allaitantes avisées comprendront).

Avant de terminer cette première histoire, je dois vous parler de deux choses qui me tiennent à cœur. D’abord, j’aimerais souligner ce qui me choque le plus dans notre histoire : le manque de formation, d’informations voire la désinformation des professionnels de santé que j’ai rencontré vis-à-vis de l’allaitement, des freins restrictifs et des allergies alimentaires. Je n’en reviens pas qu’à cause de ça, mon allaitement était plus qu’en péril, et je n’ose pas imaginer le nombre de parents qui ont vécu ce qu’on a vécu et qui ont stoppé leur allaitement parce qu’ils étaient mal renseignés et mal accompagnés. Il y a sincèrement un réel problème en France sur l’allaitement qui est devenu comme un sujet secondaire aussi bien pour les professionnels que dans l’opinion publique. Allaiter est comme devenu marginal, c’est à n’y plus rien comprendre. Alors j’espère que mon histoire saura sauver des allaitements mis à mal, le temps que les choses changent enfin et que les parents soient enfin bien informés. La deuxième chose que m’a appris notre histoire, c’est l’importance de son entourage quand on vit ce genre d’épreuves. Être bien entouré et avoir le soutien de ses proches est je pense, primordial. Alors il faut savoir bien s’entourer, avoir un premier cercle digne de confiance (que ce soit la famille, les amis, les bons professionnels) parce que sans ça, on peut vite abandonner et tout lâcher. De mon expérience, j’ai souvent trouvé dur le fait de ne pas être comprise dans mes choix, d’être peu ou pas assez écouté et de subir des remarques ou avis inappropriés. Et à l’inverse, je remercie de tout mon cœur toutes les personnes qui m’ont soutenu et qui ont cru en nous. Mon Kiko, tu as été et tu seras toujours là pour moi, pour nous. Et je pense particulièrement à ma petite sœur Samantha, mon plus grand soutien et ma première confidente pendant tout ce périple.

Cette première histoire était particulièrement longue, je vous remercie de m’avoir lu et encore une fois, j’espère qu’elle sera utile à vous, parents d’aujourd’hui et de demain.


Belle journée,

Stéphanie

Un article rédigé en février 2019

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