La théorie de l’attachement : ses origines et ses impacts sur le développement de l’enfant

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La théorie de l’attachement : ses origines et ses impacts sur le développement de l’enfant

Initiée par John Bowlby après la Seconde Guerre Mondiale, la théorie de l’attachement nous permet de comprendre les enjeux du développement affectif et social de l’enfant. Elle est à la base d’une meilleure compréhension des liens qu’un enfant va créer avec son environnement. Comment définir l’attachement ? Quels sont ses implications chez le tout-petit ?

Des origines pluridisciplinaires

La théorie de l’attachement se base sur 4 disciplines qui ensemble vont permettre de comprendre comment celui-ci naît chez l’être humain :

  • L’éthologie : l’étude du comportement animal souligne des comportements innés observables par exemple chez les oies ou chez les canetons (les nouveaux nés s’attachent au 1er être vivant rencontré juste après leur naissance). On parle alors de figure d’attachement. Ce concept,dit d’empreinte, sera appliqué par Bowlby chez les jeunes humains. Soumis à un différent contexte, la théorie selon laquelle un nouveau-né humain va tisser des liens d’attachement forts dès sa naissance avec la personne qui répond à ses besoins (souvent la mère) permettra de comprendre comment il va par la suite se développer dans son environnement.
  • La psychanalyse : elle prouvera l’importance de la somme des expériences de la petite enfance. En mettant en avant la nécessité et le besoin vital d’interactions de qualités et de relations saines, elle souligne ainsi les possibles conséquences dans ses relations futures.. Il est important de préciser que John Bowlby ne parle pas de déterminisme mais bien d’une somme d’expériences qui peuvent toujours se contrebalancer, se superposer, évoluer tout au long de la vie.
  • Le darwinisme : John Bolwby va démontrer que le bébé va ajuster son comportement, qu’il va s’adapter à son environnement pour développer ces liens d’attachement. N’oublions pas qu’il en dépend de sa survie. Immature et dépendant des bons soins de ses parents, le bébé se doit d’avoir des stratégies innées pour donner envie aux parents de s’occuper de lui. Le darwinisme comme prisme de lecture de l’attachement permettra de comprendre comment dans l’évolution les pleurs d’un bébé se sont ajustés pour être pile sur une fréquence que nous adultes ne pouvons ignorer. Autre exemple, la physionomie d’un bébé (proportions, rondeurs) nous attire irrésistiblement. 
  • La cybernétique : Cette science montre que nous sommes un système global dont chaque élément dépend des uns des autres. Par un système de feedback, une information envoyée dans un contexte donné va appeler une réponse. La somme des expériences va nourrir le bébé et l’amener à ajuster les informations à envoyer en fonction des réponses qu’il reçoit. C’est ainsi que l’on peut voir un système d’attachement se mettre en place quand bébé sourit, pleure et qu’il enregistre les réactions suscités chez ses parents.

Le développement de l’attachement chez l’enfant

L’attachement repose sur une série d’actions/réactions qui vont assurer la survie du bébé. Cet attachement va se développer selon 4 phases.
Il y a d’abord le pré-attachement de la naissance à autour de 3 mois : le bébé envoi des signaux pour solliciter la présence d’un adulte qui lui prodiguera des soins sans hiérarchie entre les personnes. .
Puis jusqu’à 6 mois le bébé va s’apercevoir que lorsqu’il envoie ces signaux, certaines personnes répondent plus vite et mieux que d’autres. Ce sont les débuts du lien d’attachement, généralement avec la mère et le père mais aussi avec d’autres figures proches. Cependant plus le bébé va expérimenter la boucle sourire = sourire / pleurs = réconfort avec une même personne, plus le lien qui se tisse entre lui et la personne en face va devenir fort. C’est ainsi qu’à partir de 6 mois on peut parler véritablement d’attachement avec ce que l’on nomme une figure d’attachement, une figure de référence à laquelle le bébé s’ancre émotionnellement. Dans ce processus tous les adultes ne sont pas égaux aux yeux du bébé qui va hiérarchiser les individus.
La dernière étape se joue autour de 12 mois avec les angoisses de séparation voire la résistance à la séparation. En l’absence même quelques minutes de ses figures d’attachement principales, le bébé va connaître une vraie détresse l’empêchant même de se sentir en sécurité affective en présence de personnes non familières. Cette phase est déroutante mais cruciale dans le développement psychologique de l’enfant. En se construisant un modèle interne d’attachement, il va pouvoir expérimenter ce qui se passe quand de nouvelles personnes répondent aussi à ses besoins malgré l’absence de sa figure d’attachement principale. Cette somme d’expériences va lui permettre d’avoir les ressources nécessaires en lui pour continuer à explorer le monde, fort de ce que son cerveau comprend des relations aux autres : en cas de problème je peux toujours me retourner vers quelqu’un qui saura s’occuper de moi. Ainsi la hiérarchie mise en place dans la création du lien d’attachement se densifie afin que l’enfant continue à se développer par la découverte du monde.

L’attachement secure et insecure

Chez 60 à 70% des enfants l’attachement est dit secure. Cela se voit à la façon dont les émotions vont se réguler face à une expérience vécues négativement. Par exemple l’enfant est en présence de sa figure d’attachement principale puis une personne non familière entre dans la pièce. Si la principale figure d’attachement quitte la pièce, l’enfant va sans doute passer par une phase de peur et de tristesse mais il pourra aussi trouver des ressources en lui pour aller au delà de ces émotions. Cela ne se fait pas tout de suite, je prends l’exemple d’une adaptation dans un nouveau mode de garde. L’enfant va devoir puiser dans la sécurité intérieure que lui apporte sa figure d’attachement pour être capable de surmonter sa peur et de continuer à explorer le monde. Il aura ensuite toutes les capacités à pardonner et à retrouver sa figure d’attachement avec bonheur. .
A contrario, dans un attachement dit insecure, l’enfant ne saura pas revenir sereinement vers sa figure d’attachement. On dit alors un peu vite que l’enfant boude, qu’il fait payer l’absence, mais en réalité il doutait. L’insécurité vient de l’absence de constance. Pour rappel le lien d’attachement se fait par un enchaînement d’action/réaction or si les réponses ne sont jamais les mêmes l’enfant ne peut pas s’en servir comme base. On peut noter des tendances par la suite à créer des liens solides, notamment pendant l’adolescence chez des enfants qui ont toujours dû revoir leurs mécanismes de relation à l’autre. Toutefois l’attachement reste une somme d’expériences et rien n’est jamais gravé. On ne parle donc pas de déterminisme mais bien d’adaptation.

La question de l’attachement est donc cruciale et ce tout au long de la vie. Comprendre cette théorie c’est aussi se comprendre, prendre le temps de réfléchir à son rapport à l’autre. C’est aussi un prisme à travers lequel regarder nos bébés évoluer en ayant à cœur de leur offrir des conditions de développement épanouissantes.

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