Opération relactation : c’est possible ! Mais comment faire ? Je vous dis ce qui a marché pour nous.

La relactation : un mot presque inconnu, voire surprenant. Ça veut tout simplement dire relancer une lactation après un arrêt ou un tarissement de son allaitement. Peu de femmes savent que oui, c’est possible de relancer la machine après avoir sevré son bébé. C’est certain, ça demande du temps, beaucoup de patience, de la détermination, mais ça reste possible. Plusieurs raisons peuvent amener une maman à vouloir relacter : à cause de mauvaises informations reçues (comme pour moi), à cause d’allergies alimentaires développées par bébé empirées par le lait artificiel, à cause d’un sentiment de culpabilité d’avoir sevré son bébé trop tôt par choix personnel ou sous la pression d’un entourage pas sympa… Je partage avec vous toutes mes notes, tous les conseils que j’ai récolté lorsque j’ai vécu ma relactation (si vous souhaitez connaître l’histoire de notre relactation, cliquez ici). J’espère que ça saura vous aider comme ça m’a aidé et que vous réussirez à votre tour, à revivre votre aventure lactée.

1. Retour aux bases

La première remise au sein : le test fondamental

Un moment que j’appréhendais un peu, pour moi ce test était fatidique, il allait me dire si oui ou non mon bébé était encore intéressé à téter. On pourrait croire que oui, ça intéresserait forcément tous les bébés mais non, certains sont trop habitués au biberon et délaissent complètement le sein quand on leur re-propose. Tout n’est pas perdu si bébé le rejette, mais ça demande des efforts et du temps supplémentaire dans la relactaction. Si tel est le cas, il faudra démarrer par une « lune de miel » avec bébé (voir un peu plus bas dans l’article). À l’inverse, si bébé accepte tout de suite de téter une fois mis au sein, c’est super, on peut passer à l’étape suivante!

Mettre bébé au sein, au sein, au sein et encore au sein

Idéalement, proposer le sein à bébé toutes les 2h-3h maximum le jour, et toutes les 3h-4h la nuit. Les tétées de nuit sont hyper importantes : notre pic de prolactine (l’hormone productrice de notre lait) se fait entre 2h et 5h du matin. Faire téter bébé à ce moment là stimule davantage que le reste de la journée. C’est certain, ça demande de suivre un sacré rythme, mais ça reste temporaire, le temps de relancer la machine.

Pratiquer la super alternance des tétées

La super-alternance consiste à proposer les deux seins à bébé lors de chaque tétée. Tant qu’il accepte de téter, on lui propose un sein puis le deuxième, puis retour au premier seins, etc. Je dois vous avouer que c’était une réelle galère pour moi… Je me suis lancée dans cette « opération relactation » avant de savoir que mon Nino avait deux freins de bouche restrictifs. Ici, ça se traduisait par le fait qu’il ne faisait que s’endormir lorsque je le mettais sein, en quelques petites minutes seulement, alors pour moi faire de la super alternance était une mission difficile à suivre.

Faire du peau-à-peau et entrer en « lune de miel » avec bébé

L’objectif ici est d’envoyer des messages physiologiques à notre corps afin qu’il comprenne qu’il doit produire du lait. Ça se traduit concrètement par du peau-à-peau, du portage, du cododo, cobain… En étant en contact direct et permanent avec notre bébé, le « petit chimiste de notre cerveau » demande aux hormones concernées de se mettre au boulot. Le corps humain est incroyablement fait.

Remplacer le biberon par un DAL (Dispositif d’Aide à la Lactation)

Le DAL est une super alternative au biberon et il permet deux choses très importantes dans une relactation : stimuler la production de lait et redonner envie à bébé de continuer à téter tout en le nourrissant. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, le DAL est une sonde qui, d’un côté, est intégrée au biberon contenant le lait en poudre, et de l’autre côté, est accolée au téton quand bébé tète le sein. Avec ce système, il tète le sein donc stimule la lactation, et se nourrit de lait en poudre via la sonde. Pour ma part, j’ai utilisé un DAL fait maison, j’ai commandé deux sondes à la pharmacie (les pharmaciens étaient tellement surpris quand je leur ai expliqué pourquoi je commandais ces sondes), j’ai coupé une tétine de biberon dans laquelle je glissais la sonde, puis je refermais le biberon une fois le lait préparé.

Si le DAL ne prend pas : remplacer le biberon par un autre contenant

Tout le monde ne le sait pas, mais le biberon classique est loin d’être le seul contenant pour aider bébé à boire. Il existe plein d’alternatives : une petite tasse simple ou inclinée, une cuillère, un biberon cuillère, une tasse 360, un biberon à bec dur, un verre d’apprentissage ou encore la pipette et la seringue (sans aiguille bien sûr !). Je regrette de ne pas avoir essayé pendant notre relactation, surtout que Nino utilise une tasse 360 depuis ses 6 mois, il l’a adopté tout de suite!

Supprimer les bouts de sein et la tétine/sucette

Vous connaissez peut-être le risque de confusion sein/bouts de sein-tétine-biberon ? Si non, il s’agit tout simplement d’une confusion dans la succion de bébé qui est totalement différente entre celle de la tétée au sein et celle utilisée lors de la prise d’un biberon et d’une tétine en bouche. Ce risque de confusion peut vraiment mettre en péril un allaitement : bébé comprend que boire au biberon demande nettement moins d’efforts, il délaisse alors le sein, on appele ce phénomène un sevrage induit. Bien entendu, un bébé peut ne jamais faire de confusion, mais il peut aussi en faire une dès le premier biberon. Alors pour préserver votre allaitement, on ne prend pas de risque inutile, et on évite tant que possible l’utilisation de bouts de sein, de biberon et de tétine/sucette.

2. Tirer son lait

S’armer d’un bon tire-lait, ton nouveau meilleur ami

Tirage autant que possible : idéalement après chaque tétée. Pour moi, c’était impossible, Nino avait besoin qu’on le berce, qu’on marche, qu’on bouge en quasi permanence. Je pouvais rarement le poser plus de 5mn, alors je courais littéralement après 2 tétées par jour pour tirer.

Veille à t’équiper de téterelles à la taille de tes tétons ! Si elles sont trop grandes ou trop petites, les tirages sont moins efficaces. Pour ma part, j’ai appris bien plus tard que j’avais des téterelles trop grandes, les tirages étaient douloureux mais je croyais que c’était « normal » alors que non, pas du tout ! Sois bien attentive à ce détail parce qu’il a son importance.

Suivre un « power-pumping » (ou stratégie de tirage)

Qu’est-ce que c’est que cet « anglish » ? Et bien c’est tout simplement un procédé de tirage intensif à suivre sur quelques jours (voire plus) afin de donner un coup de boost à notre lactation. Il y a, à ma connaissance, 2 méthodes de power-pumping :

  • La méthode de Catherine Watson Genna, conseillère IBCLC : elle n’est pas simple à mettre en place (du moins selon mon vécu) puisqu’elle consiste à tirer son lait au moins 10 fois par jour, pendant 5 à 10mn, avec un espacement d’au moins 45mn entre les tirages. C’est du temps/luxe que j’aurais rêvé avoir, mais que je n’avais malheureusement PAS-DU-TOUT.
  • La méthode de Lact&Sens, celle que j’ai suivi : elle consiste à tirer 3 fois selon un rythme précis pendant 1h de la journée, c’est-à-dire tirer pendant 20mn, puis faire une pause de 10mn, re tirer 10mn, puis re pause de 10mn et enfin dernier tirage de 10mn. Je l’ai fait 3 semaines après avoir démarré mon processus de relactation, le soir après avoir couché Nino, en tout pendant 6 jours. Et au 7ème jour, il ne prenait plus de biberons ! Alors oui, c’est épuisant de finir sa journée marathon comme ça, mais ça a fonctionné pour moi et je le recommande à toutes les mamans qui souhaitent relacter.

3. Savoir bien s’entourer et être hyper bien informée

Je le mets en troisième position mais ce n’est Pas classé par ordre d’importance. Parce qu’en réalité, être bien entourée est d’une importance capitale. Il vous faudra peut-être faire des choix parmi vos proches, mettre un peu de côté ceux qui ne vous comprennent pas ou ne vous soutiennent pas et à l’inverse, trouver les bonnes personnes sur qui vous pourrez compter. Ça peut être la famille, des ami(e)s, des ami(es) d’ami(e)s mais aussi des mamans sur les réseaux sociaux, des conseillères en lactation… Sachez créer votre propre cercle, il vous sera sacré dans la réussite de votre relactation.

S’informer énormément avant de se lancer dans cette aventure est également primordial. Vous mettez ainsi toutes les chances de votre côté, et vous serez déjà armée en cas de coups durs ou d’imprevus ! L’information, une des clés de la réussite d’une relactation.

4. En option : les galactogènes

Je préfère avertir dès maintenant, les galactogènes sont pas mal soumis à controverse. On se sait véritablement si ils sont efficaces sur toutes les femmes ou s’ils ont un vrai impact sur notre production de lait, aucune étude ne le prouve pour le moment. C’est plutôt des restes de recettes de grand-mère qui fonctionnent certainement pour des femmes, mais pas toutes à 100%. Pour la part, j’en ai beaucoup consommé sans savoir si ça marchait sur moi, je misais davantage sur leur côté placebo et l’aide psychologique que ça apporte. Si ça vous intéresse, voici ce que j’ai pris :

Les galactogènes « à boire »

  • Tisane d’allaitement au fenouil de Weleda ; j’en buvais 3 fois par jour pendant des semaines et des semaines (donc des mois, en fait).
  • Vita Malt : j’en ai bu pendant 2 bons mois, 1 à 2 par jour.
  • Galactogyl : c’était mon combo avec la tisane, je les prenais au même moment 3 fois par jour.

L’homéopathie

J’ai fait plusieurs cures d’homéopathie en commençant par le fenugrec sur une période de 3 semaines avant de changer pour le combo alfalfa + ricinus également pris pendant 3 semaines. Alterner les cures permet d’éviter que le corps ne s’habitue pour ne plus faire effet du tout.

  • Fenugrec : 3 granulés 3 fois par jour juste avant les repas.
  • Alfallfa 6DH : 5 granulés 3 fois par jour avant les repas.
  • Ricinus 5CH : granulés 3 fois par jour avant les repas.

Les aliments à consommer :

  • Des Lentilles : en pleine canicule c’était pas forcément le bonheur, heureusement j’aime bien ça ! J’en ai pas non plus mangé énormément, 1 fois par semaine je dirais.
  • De l’Ovomaltine : mon Kiko m’en a acheté, sans savoir que ce n’était pas compatible avec mon régime d’éviction de protéines de lait de vache. Donc je n’en ai pas pris, par contre lui il a goûté et a adoré (il en boit tous les matins en ce moment !).
  • Des flocons d’avoine : sur conseil de ma mama, j’en mangeais avec du lait d’avoine (oui, j’aime beaucoup l’avoine et c’est mon lait végétal préféré).

Voilà, je pense être arrivée au bout de tout ce que j’ai fait, consommé, utilisé pendant la période de notre relactation. Si vous avez d’autres conseils/astuces à partager pour compléter cette liste, laissez moi un petit commentaire, ça aidera les mamans en quête d’informations.


Doux bisous,

Stéphanie

Un article rédigé en mars 2019

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